DEVELOPPEMENT DES PELLICULES



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Choix des pellicules

Quels produits chimiques ?

Préparation

Traitement

Traitement poussé

PRINCIPE GENERAL : négatif puis positif

La "pellicule photo" est formée d'une bande de plastique recouverte de grains microscopiques d'un produit sensible à la lumière (qu'on appelle parfois l'émulsion).



Lors de la prise de vue, ces grains sont plus ou moins impressionnés par la lumière venant du sujet. Par un traitement chimique (le développement) les grains impressionnés seront transformés en grains d'argent opaques; on obtient alors une image "négative" (les zones lumineuses du sujet correspondent à des zones sombres, opaques du négatif).

Lors de l'agrandissement, on projette l'image négative sur le papier photo qui est recouvert de grains sensibles à la lumière comme la pellicule. Après développement (traitement chimique), on obtiendra une image "positive" (les zones claires du sujet correspondront à des zones claires de la photo).


Il existe beaucoup de marques et de types de pellicules, de produits chimiques de traitement, et il faut faire un compromis, sans oublier l'aspect financier.

Je conseille de n'utiliser au début que quelques matériels basiques et je présente ceux que j'utilise couramment, de chez Ilford, que l'on trouve facilement en commandant sur internet (d'autres marques font aussi de très bons produits, mais je ne les connais pas bien !).

Le traitement chimique comporte plusieurs étapes, semblables au traitement des papiers photo : développement dans le révélateur, rinçage, fixage, lavage, séchage. Les 3 premières étapes doivent se faire alors que la pellicule est à l’obscurité complète.

On la place d’abord dans une cuve étanche à la lumière (opération à faire à l'obscurité complète), mais permettant ensuite d'introduire les produits chimiques à la lumière.

LE CHOIX DES PELLICULES

Certaines pellicules sont très sensibles : elles nécessitent peu de lumière, permettent de faire des photos par mauvaises conditions de lumière, ou avec une vitesse rapide, mais elles présentent une granulation qui est visible pour de forts agrandissements. Ces pellicules sont dites aussi "rapides", car on peut les utiliser avec des vitesses rapides.

La sensibilité est indiquée par le nombre ISO : 400 pour les très sensibles, 100 pour d'autres : elles ont besoin de 4 fois plus de lumière que les 400 ISO. Ces pellicules plus lentes ont un grain nettement plus fin.

Lorsqu'il y a des grandes plages de gris uniforme, sans détail, le grain est plus visible (par exemple pour des paysages enneigés). Mais vous avez le droit d'aimer des photos dont la granulation est visible, c'est vous, le photographe, qui choisissez !

Si une photo est bonne en 400 ISO avec par exemple une vitesse de 1/125 au diaphragme 8, avec une 100 ISO, il faudra par exemple 1/125 au diaphragme 4 (même vitesse, mais diaphragme 4 fois plus ouvert), ou bien 1/30 au diaphragme 8 (même ouverture de diaphragme, mais vitesse 4 fois plus lente), ou bien 1/60 au diaphragme 5,6 (vitesse 2 fois plus lente et diaphragme 2 fois plus ouvert).

Dans la marque Ilford, en 400 ISO : « HP5 » (économique, convient à beaucoup de situations, mais avec une granulation visible si on agrandit très fort, c'est un très bon compromis). Il y a aussi la « 400 Delta », grain un peu plus fin, mais nettement plus chère.

Pour avoir un grain très fin et lorsque les conditions de lumière sont suffisantes, on peut utliser une « 100 ISO » : la « FP4 » ou la « 100 Delta » (plus chère).

On peut aussi sous-exposer une 100 Delta et une FP4 en réglant l'appareil sur 200 ISO (pour toute la pellicule) et en développant un peu plus longtemps. Le grain reste fin et le contraste est bon.

Si vraiment les conditions de lumière sont très mauvaises, il existe des pellicules en 1600 ISO (par exemple la 3200 Delta), mais on peut aussi sous-exposer une 400 ISO et compenser par un traitement "poussé" (voir plus loin).

Sachez aussi que le grain est beaucoup plus visible lorsqu'on augmente le contraste à l'agrandissement et qu'il dépend aussi de la façon de développer (voir plus bas le "traitement poussé").

LE CHOIX DES PRODUITS CHIMIQUES

Il y a différents types de révélateur pour film qui se distinguent au niveau de la finesse de granulation, du contraste du négatif, de la facilité de préparation, de la durée de conservation et de leur prix : il faut faire un compromis. Je vous en conseille 2 :

ILFOTEC LC 29 : c’est un liquide concentré (à diluer avant usage), il se conserve très bien (mettez le quand même dans un petit flacon bien bouché). Très pratique pour un club photo. Il donne de très bon résultats avec la HP5, la FP4 et la 100Delta et c’est le plus pratique.

ID 11 (ou son équivalent D76 chez Kodak) : poudre à dissoudre dans l'eau chaude. Je l'achète par dose de 2,5 litres, je le mets dans des bouteilles en verre bien bouchées et je l'utilise sans diluer, en jetant après usage. Le grain obtenu est un tout petit peu plus fin qu'avec le LC 29.

Certains révélateurs donnent un grain plus fin, mais avec des négatifs moins contrastés. Cela peut être intéressant si le sujet photographié présente un gros écart de luminosité. Mais en dehors de ces cas, il faut forcer le contraste à l'agrandissement ce qui rend le grain plus visible.

Attention, certains produits se conservent très mal, il ne sont à conseiller que pour quelqu'un qui fait beaucoup de photo, par exemple l'Ilfosol 2 (révélateur grain fin de chez Iford).

Un petit truc : si votre flacon de révélateur n'est pas plein, soufflez de l'air vicié dedans avec un petit tuyau : moins il y a d'oxygène, meilleure sera la conservation !



LA PRÉPARATION

Les températures des différents bains doivent être voisines (entre 18 et 24°). Je prépare dans un petit jerrican de l'eau à environ 20° pour le révélateur, le rinçage et le lavage (environ 5 litres pour un film).

révélateur : Pour une pellicule avec le LC 29 dilué à 1 + 19 : 15 ml de concentré LC29 on complète avec de l'eau pour arriver à 300 ml. Ce révélateur ne sert qu'une fois (on utilise ainsi toujours du révélateur neuf pour chaque pellicule).

fixateur : il peut être réutilisé. Si vous avez une cuve permettant de traiter 2 films à la fois, préparez 0,6 litres de fixateur ; vous pourrer fixer 10 films et il se conserve quelques mois dans un flacon bien bouché. J'utilise du RAPID FIXER dilué à 1 + 4 (120 ml de concentré et 480 d'eau).

L'opération délicate est l'introduction de la pellicule dans la cuve qui se fait à l'obscurité complète. Entrainez-vous avant avec une pellicule usagée et foutue. Avant d'éteindre : repérer l'entrée de la pellicule sur la spire, préparer le décapsuleur, les ciseaux.

On enroule la pellicule sur une spire que l'on met ensuite dans une cuve qui sera étanche à la lumière mais qui permet d'introduire les produits chimiques.

   

Repérer à tâtons la cuve, son couvercle, les ciseaux... avant d'éteindre, puis vérifier l'obscurité complète de la pièce avant d'extraire le négatif de sa cartouche :

un coup de décapsuleur

attention aux doigts

enfiler de quelques centimètres

mouvement de va et vient pour faire rentrer

à la fin, un coup de ciseau au bord de la bobine

 

Bien contrôler la fermeture de la cuve avant de rallumer !



TRAITEMENT

Il faut mesurer la température du révélateur pour déterminer la durée de développement. Je la remesure toujours au milieu du développement pour ajuster cette durée. Attention, certains thermomètres ne donnent pas des températures correctes, vérifiez le votre par exemple avec un thermomètre médical, et adaptez vos durées de développement.

Indications pour la durée de développement de quelques pellicules Ilford (pour les autres : voir les notices !), avec le LC29 dilué à 1 + 19 (durées approximatives, dans le doute, il vaut mieux développer un peu plus longtemps).


pellicule \

à 18°

à 19°

à 20°

à 21°

à 22°

à 23°

HP5 à 400 ISO

8 mn 05

7 mn 15

6 mn 30

5 mn 50

5 mn 15

4 mn 45

FP4 à 125 ISO

FP4 à 200 ISO

9 mn 15

10 mn 30

8 mn 20

9 mn 25

7 mn 30

8 mn 30

6 mn 45

7 mn 40

6 mn 05

6 mn 55

5 mn 30

6 mn 15

100 Delta à 100 ISO

100 Delta à 200 ISO

7 mn 25

9 mn 55

6 mn 40

8 mn 55

6 mn

8 mn

5 mn 25

7 mn 10

4 mn 55

6 mn 30

4 mn 30

5 mn 55

Remarques :

développement : secouer au début de bas en haut pour éviter des bulles d'air entre les spires, puis agiter environ 10 secondes par minutes.

rinçage : dans de l'eau, environ 10 secondes.

fixage : environ 5 mn dans le fixateur, en agitant.

lavage : On peut ouvrir la cuve. Je fais 2 rinçages rapides, puis 4 ou 5 rinçages de 2 minutes. On peut aussi compléter par un dernier lavage avec quelques gouttes d'un "agent mouillant", soit un produit spécial photo, soit un simple additif de rinçage pour lave-vaisselle : l'eau s'écoule mieux et cela réduit les traces au séchage. Si votre eau est très calcaire, le mieux faire le dernier lavage dans de l'eau de source très peu minéralisée (pas cher en super marché, prendre celle dont le résidu à sec est le plus faible).

essorage : je secoue énergiquement la spire pour enlever le maximum d'eau avant le séchage, comme mon grand-père essorait la salade ! Cela évite d'avoir des traces de calcaire au séchage.

séchage : à l'abri des poussières ! Attention, les films humides sont très fragiles ! Ne pas les frotter, surtout ne pas sécher au sèche-cheveux !

conservation : couper le négatif en bandes de 5 ou 6 vues et ranger soigneusement (il existe des pochettes spéciales), ils sont fragiles ! Les rayures et les poussières seront visibles lors de l‘agrandissement.

un truc anti-rayure : Il arrive parfois que le dos de l’appareil photo fasse une fine rayure sur le négatif. Il faut d’abord prendre la précaution de bien nettoyer la plaque de ce dos qui appuie sur la pellicule lorsqu’on la change. Si une telle rayure est visible à l’agrandissement, il est possible de la neutraliser simplement en la frottant délicatement avec un doigt très légèrement gras (en passant ce doigt sur le front ou le nez, cela suffit !).

Remarque sur l'agitation pendant le développement : si on agite beaucoup, les zones fortement exposées (zones claires de la photo) seront développées plus fort, le négatif sera globalement plus contrasté, mais il peut alors être plus difficile à agrandir si le sujet est déjà contrasté. Il vaut parfois mieux réduire l'agitation et augmenter la durée, ainsi les gris (zones sombres de la photo) sont mieux développés, avec plus de détails.



TRAITEMENT POUSSÉ

Pour faire des photos par faible lumière, il y a deux solutions : soit utiliser un film très sensible (3200 ISO), soit, et c'est le plus pratique et le plus économique, utiliser encore la HP5, mais en la sous-exposant en réglant l'appareil sur 800 ou 1600 ISO (pour toute la pellicule).

Pour compenser le manque de lumière, il faut "pousser" le développement. Ilford fait un révélateur spécial pour ce traitement, le Microphen, qui développe assez fort les zones peu exposées, et plus faiblement les autres. Mais il est sous la forme d'une poudre à diluer, et n'est intéressant que si on a plusieurs films à traiter.

Le plus simple est d'utiliser encore le LC29 (dilué à 1 + 19) qui donne de bons résultats en augmentant les durées de développement. Voici un tableau de durées :

pellicule

durée à 18°

durée à 19°

durée à 20°

durée à 21°

durée à 22°

durée à 23°

HP5 à 800 ISO

HP5 à 1600 ISO

11 mn 45

18 mn 35

10 mn 35

16 mn 40

9 mn 30

15 mn

8 mn 35

13 mn 30

7 mn 45

12 mn 10

7 mn

11 mn 05



Remarques : le grain du négatif sera beaucoup plus gros que lors d'un traitement normal.

Si le contraste du sujet est important, avec des zones très lumineuses, il vaut mieux ne pas trop agiter pendant le développement ; ainsi le révélateur ne sera pas trop renouvelé sur les zones denses du négatif, il s'épuisera donc plus sur ces zones qui monteront alors moins. Cela atténuera le contraste global du négatif.

Si vous rechercher un gros grain bien visible, réduisez l'agitation pendant le développement pour avoir un négatif pas trop contrasté, et ensuite agrandissez en forçant le contraste (la granulation sera plus visible).

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