DEVELOPPEMENT DES PELLICULES |
La "pellicule photo" est formée d'une bande de plastique recouverte de grains microscopiques d'un produit sensible à la lumière (qu'on appelle parfois l'émulsion).
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Lors de la prise de vue, ces grains sont plus ou moins impressionnés par la lumière venant du sujet. Par un traitement chimique (le développement) les grains impressionnés seront transformés en grains d'argent opaques ; on obtient alors une image "négative" (les zones lumineuses du sujet correspondent à des zones sombres, opaques du négatif). |
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Lors de l'agrandissement, on projette l'image négative sur le papier photo qui est recouvert de grains sensibles à la lumière comme la pellicule. Après développement (traitement chimique), on obtiendra une image "positive" (les zones claires du sujet correspondront à des zones claires de la photo). |
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Il existe beaucoup de marques et de types de pellicules, de produits chimiques de traitement, et il faut faire un compromis, sans oublier l'aspect financier.
Je conseille de n'utiliser au début que quelques matériels basiques et je présente ceux que j'utilise couramment, souvent de chez Ilford, mais pas que, on les trouve facilement en commandant sur internet (d'autres marques font aussi de très bons produits, mais je ne les connais pas bien !).
(Je n'ai pas de "contrat" avec Ilford ni avec Agfa pour faire de la pub, j'utilise du matériel que je connais bien, et qui me satisfait, c'est ainsi que je suis le plus efficace !)
Certaines pellicules sont très sensibles : elles nécessitent peu de lumière, permettent de faire des photos par mauvaises conditions de lumière, ou avec une vitesse rapide, mais elles présentent une granulation qui est visible pour de forts agrandissements. Ces pellicules sont dites aussi "rapides", car on peut les utiliser avec des vitesses rapides.
La sensibilité est indiquée par le nombre ISO : 400 pour les très sensibles, 100 pour d'autres : celles-ci ont besoin de 4 fois plus de lumière que les 400 ISO. Ces pellicules plus lentes ont un grain nettement plus fin.
Lorsqu'il y a des grandes plages de gris uniforme, sans détail, le grain est plus visible (par exemple pour des paysages enneigés). Mais vous avez le droit d'aimer des photos dont la granulation est visible, c'est vous, le photographe, qui choisissez !
Si une photo est bonne en 400 ISO avec par exemple une vitesse de 1/125 au diaphragme 8, avec une 100 ISO, il faudra par exemple 1/125 au diaphragme 4 (même vitesse, mais diaphragme 4 fois plus ouvert), ou bien 1/30 au diaphragme 8 (même ouverture de diaphragme, mais vitesse 4 fois plus lente), ou bien 1/60 au diaphragme 5,6 (vitesse 2 fois plus lente et diaphragme 2 fois plus ouvert).
Dans la marque Ilford,
en 400 ISO : « HP5 ». Il y a aussi la « 400
Delta », grain un peu plus fin, mais nettement plus chère.
Mais les prix des
Ilford ayant bien augmentés en 2021, vous pouvez utiliser des APX400 de
marque Agfa qui donnent à peu près la même chose en 400 ISO que les HP5
et qui sont bien moins chères !
Pour avoir un grain très fin et lorsque les conditions de lumière sont suffisantes, on peut utiliser une « 100 ISO » : la « FP4 » ou la « 100 Delta » (plus chère).
On peut aussi sous-exposer une 100 Delta et une FP4 en réglant l'appareil sur 200 ISO (pour toute la pellicule) et en développant un peu plus longtemps. Le grain reste fin et le contraste est bon.
Si vraiment les conditions de lumière sont très mauvaises, il existe des pellicules en 1600 ISO (par exemple la 3200 Delta), mais on peut aussi sous-exposer une HP5 à 800 ou 1600 ISO (pour toute la pellicule) et compenser par un traitement "poussé" (voir plus loin). (Je n'ai pas encore essayé avec une APX400).
Le traitement chimique comporte plusieurs étapes, semblables au traitement des papiers photo : développement dans le révélateur, rinçage dans de l'eau, fixage dans le fixateur , lavage dans de l'eau, séchage.
Les 3 premières étapes doivent se faire alors que la pellicule est à l’obscurité complète. Pour ceci, on la place d’abord dans une cuve étanche à la lumière (opération à faire à l'obscurité complète), mais permettant ensuite d'introduire les produits chimiques à la lumière (voir un peu plus loin).
Il y a différents types de révélateur pour film qui se distinguent au niveau de la finesse de granulation, du contraste du négatif, de la facilité de préparation, de la durée de conservation et de leur prix : il faut faire un compromis. Je vous en conseille 2 :
ILFOTEC LC 29 : c’est un liquide concentré (à diluer juste avant usage), il se conserve très bien. Très pratique pour un club photo. Il donne de très bons résultats avec la HP5, l'APX 400, la FP4 et la 100Delta et il est très pratique.
Un petit truc : si votre flacon de révélateur n'est pas plein, soufflez de l'air vicié dedans avec un petit tuyau : moins il y a d'oxygène, meilleure sera la conservation !
ID 11 (ou son équivalent D76 chez Kodak) : poudre à dissoudre dans l'eau chaude et à laisser refroidir 24h avant utilisation. Je l'achète par dose de 2,5 litres, je le mets dans des bouteilles en verre bien bouchées et je l'utilise sans diluer, en jetant après usage. Le grain obtenu est un tout petit peu plus fin qu'avec le LC 29.
Certains révélateurs donnent un grain plus fin, mais avec des négatifs moins contrastés. Cela peut être intéressant si le sujet photographié présente un gros écart de luminosité. Mais en dehors de ces cas, il faut forcer le contraste à l'agrandissement ce qui rend le grain plus visible !
Attention, certains produits se conservent très mal, il ne sont à conseiller que pour quelqu'un qui fait beaucoup de photo, j'ai eu autrefois des problèmes avec l'Ilfosol 2 (révélateur "grain fin" de chez Iford).
Les températures des différents bains doivent être voisines (entre 18 et 24°). Je prépare en avance dans un petit jerrican de l'eau à environ 20° pour le révélateur, le rinçage et le lavage (environ 5 litres pour un film). Je garde le fixateur à peu près à la même température.
révélateur : Pour une pellicule avec le LC 29 dilué à 1 + 19 : 15 ml de concentré LC29 on complète avec de l'eau pour arriver à 300 ml. Ce révélateur ne sert qu'une fois (on utilise ainsi toujours du révélateur neuf pour chaque pellicule).
fixateur : il peut être réutilisé. Si vous avez une cuve permettant de traiter 2 films à la fois, préparez 0,6 litres de fixateur ; vous pourrez fixer 10 films et il se conserve quelques mois dans un flacon bien bouché. J'utilise du RAPID FIXER (Ilford) dilué à 1 + 4 (120 ml de concentré et 480 d'eau).
Opération délicate : à l'obscurité complète on enroule la pellicule sur une spire que l'on met ensuite dans une cuve qui sera étanche à la lumière mais qui permet d'introduire les produits chimiques.
Entrainez-vous avant avec une pellicule usagée et foutue. Avant d'éteindre : repérer l'entrée de la pellicule sur la spire, préparer le décapsuleur, les ciseaux. Gardez une petite boite étanche à la lumière pour y remettre la pellicule si vous avez un gros problème avec par exemple la cuve ou la spire.
Repérer à tâtons la cuve, son couvercle, les ciseaux... avant d'éteindre, puis vérifier l'obscurité complète de la pièce avant d'extraire le négatif de sa cartouche :
1) un coup de décapsuleur |
2) attention aux doigts |
3) enfiler de quelques centimètres |
4) mouvements de va et vient pour faire rentrer. Les pouces empêchent la pellicule de se dégager |
5) à la fin, un coup de ciseau au bord de la bobine |
6) quelques mouvements de va et vient pour finir d'enrouler et on met la spire bien au fond de la cuve sur le manchon noir, puis son couvercle en forme d'entonnoir. |
Bien contrôler la fermeture de la cuve avant de rallumer !
Il faut mesurer la température du révélateur pour déterminer la durée de développement. Je la remesure toujours au milieu du développement pour ajuster cette durée. Attention, certains thermomètres ne donnent pas des températures correctes, vérifiez le votre par exemple avec un thermomètre médical, et adaptez vos durées de développement.
Indications approximatives pour la durée de développement de quelques pellicules (pour les autres : voir les notices !), avec le LC29 dilué à 1 + 19 (15 ml de concentré et on rajoute de l'eau pour obtenir 300 ml pour une pellicule)
(durées approximatives, dans le doute, il vaut mieux développer un peu plus longtemps. Et un écart de 10 secondes est sans importance, pas de stress ! )
pellicule \ |
à 18° |
à 19° |
à 20° |
à 21° |
à 22° |
à 23° |
HP5 à 400 ISO (Ilford) |
8 mn 05 |
7 mn 15 |
6 mn 30 |
5 mn 50 |
5 mn 15 |
4 mn 45 |
APX 400 (Agfa) |
9 mn 55 |
8 mn 55 |
8 mn |
7 mn 10 |
6 mn 30 |
5 mn 55 |
FP4 à 125 ISO (Ilford) FP4 à 200 ISO |
9 mn 15 10 mn 30 |
8 mn 20 9 mn 25 |
7 mn 30 8 mn 30 |
6 mn 45 7 mn 40 |
6 mn 05 6 mn 55 |
5 mn 30 6 mn 15 |
100 Delta à 100 ISO 100 Delta à 200 ISO |
7 mn 25 9 mn 55 |
6 mn 40 8 mn 55 |
6 mn 8 mn |
5 mn 25 7 mn 10 |
4 mn 55 6 mn 30 |
4 mn 30 5 mn 55 |
Remarques :
Pour des négatifs plus contrastés, on peut augmenter de 30 secondes à 1 mn la durée (mais le grain du négatif sera un peu plus gros)
Avec de l'ID 11 non dilué, à 20 degrés : 7 mn 30 pour la 400 Delta, 8 mn pour l'HP 5 en 400 ISO, et 9 mn pour la 100 Delta en 100 ISO.
Si vous cherchez plutôt un gros grain, voir plus loin le traitement poussé
On peut diluer le révélateur LC 29 à 1 + 29 en augmentant les durées (voir la notice) ; c'est plus économique, mais la granulation est un peu plus grosse. L'ID11 peut aussi être dilué en 1+1.
développement : secouer au début de bas en haut pour éviter des bulles d'air entre les spires, puis agiter environ 15 secondes par minute par rotation.(je ne retourne pas ma cuve car son couvercle n'est pas étanche, je ne le mets plus).
rinçage : dans de l'eau, entre 10 et 20 secondes, en agitant. (pas de "bain d'arrêt" chimique car j'ai eu des déboires avec certaines pellicules : le bain d'arrêt "attaquait" le négatif et y enlevait un peu de grains d'argent ! )
fixage : environ 5 mn dans le fixateur, en agitant comme pour le développement.
lavage : On peut ouvrir la cuve. Je fais 2 rinçages rapides, puis 4 ou 5 rinçages de 2 minutes en agitant. On peut aussi compléter par un dernier lavage avec quelques gouttes d'un "agent mouillant", soit un produit spécial photo, soit un simple additif de rinçage pour lave-vaisselle : l'eau s'écoule mieux et cela réduit les traces au séchage. Si votre eau est très calcaire, le mieux est encore de faire le dernier lavage dans de l'eau de source très peu minéralisée (pas cher en super marché, prendre celle dont le résidu à sec est le plus faible), ou bien avec de l'eau déminéralisée.
essorage : je secoue énergiquement la spire pour enlever le maximum d'eau avant le séchage en mettant la spire sur un plus grand manche, comme mon grand-père essorait la salade ! Cela évite d'avoir des traces au séchage. Je n'utilise jamais de raclette en caoutchouc, c'est le meilleur outils pour rayer et esquinter votre négatif !
séchage : pendant quelques heures, à l'abri des poussières ! Attention, les films humides sont très fragiles ! Ne pas les frotter, surtout ne pas sécher au sèche-cheveux !
conservation : couper le négatif en bandes de 5 ou 6 vues et ranger soigneusement (il existe des pochettes spéciales), ils sont fragiles ! Les grosses rayures et les poussières seront visibles lors de l‘agrandissement.
Remarque sur l'agitation pendant le développement : le révélateur "s'use" plus vers les zones fortement exposées (zones sombres du négatif, claires de la photo), l'agitation permet alors de le renouveler. Si on agite beaucoup, ces zones fortement exposées seront développées un peu plus fort, et le négatif sera alors un peu plus contrasté, mais on pourra adoucir lors de l'agrandissement sur papier.
Pour faire des photos par faible lumière, il y a deux solutions : soit utiliser un film très sensible (1600 ISO), soit, et c'est le plus pratique et le plus économique, utiliser encore la HP5, mais en la sous-exposant en réglant l'appareil sur 800 ou 1600 ISO (pour toute la pellicule). Je ne sais pas si c'est possible avec la APX400 d'Agfa.
Pour compenser le manque de lumière, il faut "pousser" le développement. Ilford fait un révélateur spécial pour ce traitement, le Microphen, qui développe assez fort les zones peu exposées, et plus faiblement les autres. Mais il est sous la forme d'une poudre à diluer, et ce n'est intéressant que si on a plusieurs films à traiter.
Le plus simple est d'utiliser encore le LC29 (dilué à 1 + 19) qui donne de bons résultats en augmentant les durées de développement. Voici un tableau de durées :
pellicule |
durée à 18° |
durée à 19° |
durée à 20° |
durée à 21° |
durée à 22° |
durée à 23° |
HP5 à 800 ISO HP5 à 1600 ISO |
11 mn 45 18 mn 35 |
10 mn 35 16 mn 40 |
9 mn 30 15 mn |
8 mn 35 13 mn 30 |
7 mn 45 12 mn 10 |
7 mn 11 mn 05 |
Remarques : le grain du négatif sera beaucoup plus gros que lors d'un traitement normal, et le contraste du négatif obtenu sera plus fort.
Si le contraste du sujet est déjà important, avec des zones très lumineuses, il vaut mieux ne pas trop agiter pendant le développement ; ainsi le révélateur ne sera pas trop renouvelé sur les zones sombres du négatif, il s'épuisera donc plus sur ces zones qui noirciront alors moins. Cela atténuera le contraste global du négatif, mais on perdra du détail dans les zones très claires du sujet.